Câest pourquoi les reportages télévisés ont repris, sans les contester, les thèses du gouvernement. Lâavantage dâune formulation rigoureusement identique à chaque sondage donne lâassurance de comparer des attitudes semblables, rendant possible une mesure fiable et précise des modifications graduelles des mentalités. En 38 mois, autant de bombes sont déversées sur le Nord Vietnam que sur lâAllemagne pendant toute la seconde guerre mondiale. Lâessor et lâeffervescence dâ une opinion publique qui se radicalisa progressivement, précédèrent les événements dramatiques de 1928/1930 survenus du Tonkin et nord Annam à la Cochinchine (grèves ouvrières, mutinerie de la garnison de Yên Bay, xô viá»t du ⦠The middle would not be asked to pay for the war. 3Lâutilisation de ces seuls sondages sâavère toutefois insuffisante puisquâils ne reflètent pas lâévolution des sentiments pacifistes et militaristes au sein du public américain. Saigon et la réunification du Vietnam pour le parti communiste et en 1972 lâopinion publique sâétait inversé avec 60% des habitants des USA qui pensait que ce combat était une erreur. Les premières années du conflit sont ainsi caractérisées par un optimisme qui reflète assez fidèlement la confiance des déclarations officielles : « The whole tone of coverage was set by the overly optimistic pronouncements of officiais whose jobs depended on optimism. Troubled Journey: From Pearl Harbor to Ronald Reagan. Le discours ambivalent des dirigeants américains a donc fini par porter atteinte au patriotisme de lâAméricain moyen, dont lâincertitude et le désarroi grandissaient au fur et à mesure que se creusait le fossé entre la réalité de lâengagement armé en Indochine et lâimage, les images contradictoires quâen donnait la rhétorique feutrée et optimiste du gouvernement. Il insiste plus particulièrement sur le rà´le des é... Élites et médiations dans le monde interculturel (n°7 coll.). 13 S. Verba et al, « Public Opinion and the War in Vietnam », American Political Science Review 61, juin 1967, pp. 317-333. « The war was fought for reasons of State, not out of anger. [...] It was the product of the old consensus game. »34 De lâautre, il pratique une politique de lâoptimisme contrôlé : montrer avec force chiffres et rapports encourageants à lâappui que des progrès certains sont accomplis au Vietnam35. 22 Pour une excellente analyse de ce problème, consulter D. Hallin, The « Uncensored War » : The Media and Vietnam, New York : Oxford University Press, 1986 ; M. Arien, Living-Room War, New York : Penguin, 1982 et R. Entman et D. Paletz, « The War in South-East Asia : Tunnel Vision on Television », in W. Adams (ed. En 1967, par exemple, tandis que baissent les pourcentages de ceux qui approuvent lâintervention, les partisans de lâescalade se font, eux, de plus en plus nombreux. Câest plutôt une série de vignettes présentant une image stéréotypée dâhommes au combat qui est diffusée quotidiennement sur le petit écran. If the American people was whipped into anger, the political engineers might not have been able to attempt to finetune Vietnam to just the right level of death. 30 L. Baritz, Backfire: Vietnam â The Myths that Made Us Fight, the Illusions that Helped Us Lose, the Legacy that Haunts Us Today, New York, Ballantine Books, 1985, p. 320. The President approved a change in mission for all Marine battalions deployed to Vietnam to permit their more active use under conditions to be established and approved by the Secretary of State [...].11. En provoquant des réactions intensément négatives, il a offert à certains une raison supplémentaire de soutien à la politique interventionniste de lâexécutif américain. « Tet news on television produced itself. Normally, officials frame the visual images television corn veys by their verbal explanations from which the journalists construct their voice-over narrative. « On a deeper level, gradualism was designed to control both the Right and the Left [...]. 4 Sur la différence entre opposition morale et opposition pragmatique, lire P. Converse et H. Schuman, « Silent Majorities and the Vietnam War », Scientific American 222 (6), juin 1970, pp. 17-25 et G. Hodgson, America in Our Time, Garden City, N.Y. : Doubleday, 1976, pp. 391-395. La seconde, moins voyante mais beaucoup plus nombreuse, porte un tout autre regard sur le problème vietnamien. If the American people was whipped into anger, the political engineers might not have been able to attempt to finetune Vietnam to just the right level of death. Leader du monde libre dans le cadre de la Guerre froide, les États-Unis se doivent de défendre la liberté et la démocratie contre le communisme. Les médias américains ont donc, dans leur ensemble, servi le discours des dirigeants. Dâun côté, il essaie de faire taire les critiques qui commencent à sâélever de toutes parts. Vérifiez si votre institution a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books. ... L'Anticommunisme aux États-Unis de 1946 à 1954 (n°8 coll.). La Guerre du Vietnam et l'opinion publique américaine . Cet événement intermédiaire sâinscrit-il objectivement dans une évolution historique durable ? 23Ne se donnant pas tous les moyens à sa disposition pour entraîner lâadhésion populaire, le gouvernement sâest enfermé dans les ambiguïtés dâun conflit limité. Durant la guerre du Vietnam, l'opinion publique américaine se fait à travers les médias et plus particulièrement la télévision. ), Une publication partagée par Sorbonne Université Presses (@sup_presses), Littératures françaises, comparée et langue. La nécessité économique dâattirer un public le plus large possible, de lâaccrocher sans le mécontenter, encore moins le choquer, ne peut que limiter sa liberté dâexpression. Lake (ed. Câest pourquoi trois règles doivent être impérativement respectées : lâindépendance (ne pas céder aux pressions politiques) ; lâimpartialité (présenter tous les points de vue dâun problème donné sans en privilégier aucun) ; lâobjectivité proprement dite (sâen tenir aux faits et aux faits seulement). Boudet-Brugal, Alexandra, « Etudiantes américaines, militantisme et guerre du Vietnam : guerre, paix et âgenreâ dans les années 1960 », Amnis, 8, 2008. Jusquâen 1966, il sâest efforcé de développer celui de la démocratie32. [...] Most disenchantment with the war seems pragmatic and can be summed up in the attitude that âwe have not won and have little prospect of doing soâ. ». Son impact sur les opinions populaires sâest toutefois révélé plus complexe que généralement admis. Paris : Presses Sorbonne Nouvelle, 1991 (généré le 30 décembre 2020). Les mouvements contraires et presque parfaitement symétriques des pourcentages de réponses « NON » et de ceux de réponses « OUI » illustrent la lente, mais inéluctable, érosion du soutien public à lâengagement américain. Jacques PORTES, « La presse et la guerre du Vietnam », dans John ATHERTON et alii éd., LâOpinion américaine devant la guerre du Vietnam, Paris, 1992, p.113-141, 2-904315-94-2 Dans lâextrait de cet ouvrage il est question du rôle des médias lors de la guerre du Vietnam. Ces questions d'actualité sont illustrées par l'exemple des pays anglo-saxons. 5Ces deux oppositions ne sont pas seulement différentes, elles sont aussi, et surtout, antagonistes. Pourquoi défendre la démocratie là plutôt quâailleurs ? En tant que telle, elle dépend, pour ses revenus, du taux dâécoute de ses émissions. Cazemajou, Jean, et Jean-Michel Lacroix, ed. Quels sont alors les rapports de force entre la puissance américaine et l'univers communiste ? Plongez-vous dans le livre La guerre du Vietnam et l'opinion publique américaine 1961-1973 de Jean-Michel Lacroix au format . The President approved an 18-20,000 man increase in U.S. military support forces to fill out existing units and supply needed logistic personnel.6. 7 Sondages Harris, New York Times, 5 décembre 1967 et New York Times, 19 décembre 1967. ), The Vietnam Legacy, New York: New York University Press, 1976, pp. 166-167. En Amérique du Nord, carrefour traditionnel de rencontres et d'échanges, se sont élaborés bien des paradigmes du contact, de l'échange et du p... La mondialisation est très souvent perçue comme un processus d'uniformisation qui risque d'engloutir les cultures locales et ce, notamment, sur le plan linguistique, avec la domination de l'anglais. 12Si le public a retiré son soutien à la cause vietnamienne, sâil a, non sans regret, abandonné la solution militaire, câest que celles-ci ont été discréditées à ses yeux. Comparant les chiffres de deux sondages de lâinstitut Harris, le premier effectué en avril avant que le Président Richard Nixon nâautorise les mouvements de troupes et lâautre le mois suivant, donc après la décision, un spécialiste de lâopinion remarque : « Before the invasion, none of the groups volunteered support for the sending of U.S. troops. 21Au moment même où il ordonne le renfort des troupes américaines au Vietnam, le chef de lâEtat refuse la mise en alerte du pays en privilégiant une approche secrète et indirecte du problème. Une décision prise en 1965 sâavère, à cet égard, capitale pour la suite des événements. La première, la plus visible, la plus engagée et la plus active aussi, dénonce les effets nocifs et destructeurs du conflit, en Indochine comme aux Etats-Unis. Par ses choix stratégiques vis-à -vis de lâopinion, le gouvernement américain nâa pas seulement contribué à détourner cette dernière de la cause vietnamienne, trop mal expliquée pour paraître essentielle aux intérêts américains. Dès lors, comment les justifier ? Par auteurs, Par personnes citées, Par mots clés. Symbole de la supériorité technologique, et par extension idéologique, du pays, lâarsenal militaire de lâarmée américaine cristallise sur lui la foi en la toute-puissance et lâinvulnérabilité de la nation. Ceci pour refléter le changement de stratégie militaire. The war was happening literally in the streets, and in front of the reporters and camera news. Quelques mois plus tard, 67 % continuent de soutenir la politique agressive du gouvernement en matière de guerre aérienne17. La couverture médiatique a contribué à renforcer rapidement lâopposition à la guerre, notamment parmi les populations les plus sceptiques. Elle recrute principalement sur les campus des plus prestigieuses universités américaines et dans les milieux intellectuels. Sur les 42 % des suffrages recueillis par Eugene McCarthy, près des deux-tiers sont des partisans de lâescalade militaire qui ont perdu toute illusion quant aux chances de succès de la stratégie gouvernementale21. Dans le second, il faut attendre la fin de lâannée 1969 pour que les tendances sâinversent définitivement. Pour une excellente analyse de ce problème, consulter D. Hallin, There was always light at the end of the tunnel. », En mars 1969, le producteur-en-chef du journal du soir sur ABC fait savoir à son bureau de Saigon: « I think the time has corne to shift some of our focus from the battlefield, or more specifically American military involvement with the enemy, to themes and stories under the general heading: We Are On Our Way Out of Vietnam. ». Lâascendant du chef de lâEtat sur son opinion se manifeste surtout en temps de crise grave. 5 Sondage du Survey Research Center, American National Election Study, University of Michigan, 1966. En réalité, les relations entre lâopinion publique, les médias et ⦠Pour eux, en effet, cautionner les thèses de lâopposition à la guerre revenait non seulement à mettre en jeu la crédibilité de leur information mais aussi à se risquer hors des limites du débat légitime en trahissant la cause nationale22. En effet, à cette époque, 98% des Américains possèdent une télévision ; sur ces 98%, un tiers en possède deux, ce qui permet aux familles des soldats de suivre la situation des troupes américaines. Ces citations ont été recherchées, sélectionnées et compilées par les auteurs d'Alpha History. 27Lâérosion du soutien public à lâintervention américaine au Vietnam a été lâexpression dâun profond malaise national, dont la cause essentielle est à rechercher dans la défaillance du discours officiel à justifier la présence américaine au Vietnam. Pour calmer les craintes des pacifistes, il promet des ouvertures de paix et engage des tentatives de pourparlers ; pour « tenir bon » au Vietnam et ne pas encourir les récriminations des bellicistes purs et durs, il renforce lâaide militaire américaine au sol et intensifie périodiquement les campagnes aériennes. 18 Sondages Gallup, New York Times, 26 avril 1972 et New York Times, 26 janvier 1973 ; sondage Harris, New York Times, 12 septembre 1972. Ces engagements idéologiques ont débouché sur un ensemble de pratiques quotidiennes qui ont tissé des rapports étroits entre les hommes du pouvoir et les journalistes. Ainsi, pour avoir fait peur, par ses excès oratoires et ses actes de violence, à la majorité des électeurs, le mouvement a peut-être eu un effet contraire à celui quâil escomptait. A partir de cette date, en effet, le programme de vietnamisation rendait officiel le retrait progressif des forces armées américaines. Le passage dâune majorité proche de la mentalité « faucon » à une majorité plus favorable à des solutions pacifistes sâest donc fait lentement. Lâannée du cinquantenaire de lâattaque nipponne sur Pearl Harbor, et quelques mois après la libération du Koweit, les anglicistes français sont invités à se pencher sur la guerre du Vietnam au travers de lâopinion publique américaine. 4Il semblerait, au premier abord, que la campagne dâopinion contre la guerre, à laquelle les Américains sont soumis depuis 1966, soit parvenue à les convertir aux thèses pacifistes. R. Nixon, « Address to the Nation on the War in Vietnam », 3 novembre 1969. 10 Sondage du Survey Research Center, American National Election Study, University of Michigan, 1968. 14 L. Gelb et R. Betts, The Irony of Vietnam: The System Worked, Washington, D.C.: The Brookings Institute, 1979, p. 130. 26Mis dans lâimpossibilité de prêter foi aux thèses officielles, celles-ci nâexistant pas encore, les médias ont donné de lâactualité vietnamienne une version dramatique, parfois exagérée. La question indochinoise nâa pas échappé à la règle. 33 Discours de San Antonio, 29 septembre 1967. Amer constat dâéchec que noteront aussi deux analystes de lâopinion publique dans une étude conduite en juin 1970 : « The polls have made little effort to illuminate the bases of negativism in the broader public, but signs of any moral overtones to this larger discontent are few. Câest pourquoi il est fait conjointement usage du graphique établi par deux professeurs américains, William Lunch et Peter Sperlich, dans lâarticle quâils ont consacré à lâopinion publique pendant la guerre du Vietnam2. Parce que pour lui, tel est le prix à payer pour prévenir la tourmente politique et ne pas perdre le contrôle de lâopinion américaine. In Cazemajou, J., & Lacroix, J. Après la flambée de patriotisme provoquée par les incidents du Golfe du Tonkin et les représailles américaines en août 1964, les esprits se calment. Continuités et ruptures (n°5 coll.). La télévision est une entreprise commerciale. Tel est, dâaprès Edward J. Epstein, le format habituel des nouvelles sur le conflit sur les trois chaînes américaines : « With few exceptions, combat stories [...] began by showing (the American) initiative â search-and-destroy patrols, landing of helicopters, air bombardments, sweeps, etc â and concluded by measuring the effectiveness of the operation in terms of the âbody countâ.26. En mars 1969, les premiers signes dâun possible rééquilibrage entre les deux tendances sont décelables. 7De fait, lâhomme de la rue a, pour appréhender et juger le conflit vietnamien, utilisé des critères qui nâavaient rien de commun avec ceux que lui proposaient les porte-parole du mouvement en faveur de la paix. ), Civilisations, cultures, littératures étrangères. National Security Memorandum 328, 6 avril 1965, cité in P. Geyelin, « Vietnam and the Press: Limited War and an Open Society ». Ils nâétaient que 26 %, le mois précédent, à choisir cette option. ), Pierre Lagayette, Christian Huetz de Lemps, Jean-Claude Redonnet, Srilata Ravi. 36 Sondages de janvier et février 1968, Gallup Opinion Index 54, 61 % des personnes interrogées souhaitent le renforcement de lâaction militaire au Vietnam. 34 L. Gelb, « The Essential Domino: American Politics and Vietnam », Foreign Affairs 50, avril 1972, pp. 467-468. L'engagement militaire des États-Unis dans la guerre du Vietnam s'inscrit dans la lutte contre l'expansion du communisme en Asie. They might not have been able so precisely to control a more passionate war. Leur attachement aux institutions â lâarmée, le Président â, leur ferveur patriotique seront donc autant de pôles facilement identifiables. 35 Par trois fois dans le courant de lâannée 1967, le Général W. Westmoreland vient se présenter devant le Congrès pour rassurer, avec des prédictions encourageantes, lâopinion américaine. Télécharger le livre La guerre du Vietnam et l'opinion publique américaine 1961-1973 de Jean-Michel Lacroix en version numérique. San Francisco: W.H. Câest pourquoi la loyauté à la patrie se traduit par un fort attachement à la figure présidentielle et par un soutien, pour ainsi dire acquis dâavance, à sa politique internationale. (Pour mesurer avec une plus grande précision lâimpact des événements du début de lâannée 1968, nous avons utilisé les pourcentages respectifs de « colombes » et de « faucons » estimés dans une série de sondages que lâinstitut Gal lup a effectués entre décembre 1967 et novembre 1969. La Guerre Du Vietnam Et L'Opinion Publique Americaine book. Prudents, les Américains choisissent la continuation de la politique gouvernementale. Optimisme dangereux : car si dâun côté le gouvernement laisse entrevoir la lumière au bout du tunnel, de lâautre, il nâen doit pas moins annoncer périodiquement lâenvoi de nouveaux renforts. 15 B. Hughes, The Domestic Context of American Foreign Policy, San Francisco: W.H. Afin de reproduire, le plus fidèlement possible, la distinction entre « colombes » et « faucons », ils nâont retenu que les résultats de réponses portant sur le retrait des troupes américaines au Vietnam et de celles en faveur de lâintensification des combats3. Ne sont fixés sur la pellicule que quelques éléments symboliques du décor : « [...] Helicopters landing, tall grasses blowing in the helicopter wind, American soldiers fanning out across a hillside on foot, rifles at the ready, with now and then (on the soundtrack) a faroff ping or two, and now and then (as the visual grand finale) a column of dark, billowing smoke a half mile away, invariably described as a burning VC ammo dump. »27. Adresse : Maison de la Recherche 4 rue des Irlandais 75005 Paris France.
Protection Gingivale 6 Lettres, Thello Chèque Vacances, Plage Toscane Avis, La Maison Du Lac Thionne Restaurant, Souvlaki De Porc Recette Du Québec, Agence Immobilière Annot, Savoy Hôtel Evian,